Tu tofu de moi ?!

Enfin ma période préférée de l’année est arrivée. La course aux cadeaux dans les magasins blindés, la météo aussi humide que la bûche mal décongelée du réveillon, les chansons de Noël qui parviennent toujours à nos oreilles même quand on fait tout pour les éviter (quelqu’un peut dire à Julien Clerc de se rendormir s’il vous plait ?), et bien sûr le plus important : les bonnes résolutions. C’est pas le tout de se goinfrer le 24 décembre et de se bourrer la gueule le 31, après tout ça va falloir vous mettre au sport et arrêter l’alcool hein. Et la clope. Et faire le tri dans vos amis Facebook.

Et pourquoi pas… devenir vegan.

La voilà la bonne résolution 2018. Bon pour le corps et l’esprit, bon pour la planète, probablement intenable : on a tous les ingrédients d’une bonne résolution de début d’année. J’ai même réussi à convaincre ma collègue et partenaire de resto @Sarazmattazz de me suivre dans cette noble voie.

Excellente cette idée.

Sauf que je suis pas encore complètement folle en vrai. L’once de lucidité qui subsiste encore en moi me fait dire honnêtement que je ne tiendrai pas toute une vie sans viande, ou même une année. J’en suis la première attristée, j’aimerais vraiment ne pas aimer le fromage et ne pas voir des tranches de bacon dans les yeux des petits porcinets, mais il faut être conscient de ce qu’on est, et actuellement je suis une carnivore avérée, un poil scrupuleuse mais néanmoins coupable. Le problème de notre époque c’est qu’il devient de plus en plus difficile de concilier amour et respect des animaux avec le fait de les déguster à toutes les sauces. Les réseaux sociaux ne nous permettent plus décemment de garder nos œillères pour ne pas voir la violence et la cruauté dont nous faisons part pour avoir notre stock de millions de steaks chaque année, c’est dommage, j’aimais bien faire semblant que tout allait bien. Aujourd’hui je sais au fond de moi que j’y viendrai certainement un jour, et je suis même persuadée que l’humanité entière arrivera au veganisme dans un futur plus ou moins proche. Ce n’est pas qu’une mode temporaire pour donner de la contenance aux bobos et faire fleurir le portefeuille des vendeurs de légumes bio mais un vrai problème éthique qui va s’imposer de plus en plus (oui j’ai foi en l’humanité, parfois) MAIS, c’est dur. On ne change pas des habitudes si bien ancrées depuis l’enfance en un claquement doigt. Dire adieu aux raclettes l’hiver, aux poissons grillés au barbecue l’été, aux côtes de boeufs en toute saison… tellement de choses qui représentent pour moi des plaisirs indispensables de la vie, les oublier va me demander des efforts considérables, quant bien même je suis convaincue de la cause à défendre.

Alors voilà le deal : un mois vegan, du 1er au 31 janvier. On verra ce qu’il se passe après. Qui m’aime me suive, nous sommes déjà deux et nous avons besoin de motivation.

Règles du jeu : ne rien manger de provenance animale. Pas de viande, pas de poisson, pas de lait, pas d’oeuf, pas de miel… on ne pousse pas jusqu’à éliminer les produits cosmétiques et vestimentaires, le changement de régime alimentaire va déjà nous demander beaucoup d’effort pour un premier mois, n’oublions pas que nous partons de loin.

Obstacle majeur : nous travaillons dans une chocolaterie où nous avons clairement adopté des réflexes boulimiques de grignotage quotidien de chocolat au lait ou praliné, bien entendu interdit dans ce challenge… Il nous faudra du courage et de la volonté pour surmonter la tentation permanente à laquelle nous sommes soumises huit heures par jour, mais nous serons fortes !

Pendant un mois ce blog sera donc un blog « green » pour hipster en devenir où nous exposerons les effets physiques et psychologiques de cette expérience sur nos corps habitués aux Big Mac et aux pizzas triple viande, nous retracerons les difficultés rencontrées mais aussi et surtout les merveilleuses découvertes culinaires que nous allons faire, car c’est ce qu’il y a de plus excitant dans cette histoire : plein de nouvelles façons de se délecter. J’espère que Paris a de quoi nous combler et nous convertir pour de bon, sans quoi nous essayerons de cuisiner nous mêmes et partagerons nos fiascos… 

See you soon !

Hello world, hello blog

Welcome dans la tête d’une quasi trentenaire un peu paumée qui n’a pas beaucoup mûri depuis l’adolescence et cherche désespérément un sens à sa vie. Non je déconne, j’ai arrêté de chercher il y a bien longtemps. La vie n’est qu’un hasard biologique qui se terminera brutalement quand les minuscules cellules à l’intérieur de moi n’arriveront plus à se régénérer. Personne n’a l’air de trouver ça grave alors je m’y fais comme je peux, mais qu’on me demande pas d’y trouver un sens. Chercher à savoir ce qu’on fait sur Terre plutôt que comment faire pour y rester est une caractéristique de l’humain qui me dépasse un peu, y’a comme un problème de priorité dans le questionnement. C’est comme si j’étais en train de mourir de faim mais qu’au lieu de mettre la recherche de nourriture en priorité absolue, je me concentrais d’abord sur l’étude nutritionnelle des fruits pour savoir s’il valait mieux que je trouve des bananes ou des pommes…Etrange façon de faire.

Heureusement il y a quelques scientifiques qui se penchent sur le sujet et à terme on devrait réussir à se débarrasser de ce problème de vie à durée limitée, mais mauvaise nouvelle ça sera déjà trop tard pour moi (et probablement pour vous sauf si vous êtes beaucoup trop jeunes pour être sur ce site et/ou beaucoup trop riches pour me fréquenter).

On est donc coincés, enfermés dans un corps qui ne nous obéit pas toujours et pour un temps incertain, et pourtant il faut bien faire quelque chose de notre vie.

D’abord il faut survivre, donner de l’énergie à ce corps pour qu’il soit opérationnel : boire, manger, dormir. Sans ça, on ne verra même pas la triste fanaison de nos cellules arriver. Déjà qu’on en a pas pour longtemps ici, ça serait bête d’écourter notre séjour par manque de notion de survie. Notons quand même que si Dieu ou je-ne-sais-qui est à l’origine de notre création, il aurait peut-être pu éviter toutes ces contraintes de maintenance pour un truc qui finira de toute façon par être inutilisable… enfin bon. Heureusement nous ne sommes pas si mal foutus et nous sommes dotés de tout un système hormonal qui nous permet de ressentir la soif, la faim ou la fatigue et de prendre des décisions adéquates. Se maintenir en vie est quelque chose de relativement facile dans notre société actuelle.

Bon ca c’est la base, ensuite il faut… se reproduire !  S’assurer qu’on laisse une trace de nous après notre disparition inéluctable. On ne sait pas bien pourquoi on fait ça mais pour la plupart des humains c’est un besoin qui semble aussi important que les besoins vitaux. Là encore les hormones qui règnent dans notre cerveau font du bon boulot pour assurer la pérennité de l’espèce en provoquant des sensations de désir sexuel et de plaisir pendant l’acte reproductif, mais il n’y a pas que ça. Il y a quelques années encore la reproduction était une conséquence non maitrisée de nos rapports sexuels, engagés eux même par nos instincts primaires, au même titre que les animaux. Le seul fait de satisfaire nos désirs suffisait à empêcher tout risque d’extinction de l’espèce. Aujourd’hui c’est une autre histoire, l’homme a inventé la contraception. On peut désormais ressentir tous les effets agréables que produit l’acte sexuel sans qu’aucun petit humain ne soit créé en contrepartie. Ca devrait être un problème pour la reproduction. Si à la base on ressent du plaisir pendant l’acte sexuel, c’est pour nous « forcer » à nous reproduire, même chose avec les plaisirs de la table. Si on ne ressentait jamais la faim et si on ne prenait pas de plaisir à manger, on oublierait peut-être de se nourrir et on finirait par mourir sans savoir pourquoi. Par équivalence, c’est comme si on pouvait avaler une pilule et ressentir exactement les mêmes effets que si on mangeait vraiment quelque chose (plaisir du gout, appétit qui disparait et impression de satiété) sauf que le résultat n’apparait pas, on n’a pas les nutriments nécessaires à faire fonctionner notre organisme. Je ne sais pas si on réussirait dans ce cas à continuer à se nourrir uniquement pour survivre, mais dans le cas de la reproduction, pour l’instant les gens continuent de faire des enfants. Parfois même ils ont recours à des procédés médicaux pour y parvenir, sans passer du tout par la case « plaisir charnel ». A croire qu’il y a quelque chose de plus que nos propres sensations qui nous poussent à pérenniser l’espèce… quelque chose qui n’a rien de scientifique et qui serait entièrement émotionnel ? Je vais me renseigner sur cette étrangeté.

 

Les animaux ont l’air de se satisfaire de ces deux seules préoccupations (la survie et la reproduction) pour vivre correctement, mais nous autres bipèdes dotés d’une intelligence supposément supérieure avons besoin de plus, nous voulons que tout cela ait un sens. Certains y arrivent par la religion, d’autres par la création artistique, d’autres encore se trouve des missions humanitaires et veulent aider leurs prochains que ce soit par la médecine ou l’éducation, et certains même mesure leur vie et leur degré de bonheur en fonction de leur productivité (si, si). De mon côté je n’ai pas encore trouvé d’illusion suffisamment bonne pour me faire oublier la finalité. Du coup en attendant de trouver un sens à quoique ce soit, j’essaye de profiter autant que possible du temps qu’on a avant la fin et je transcris mes errances philosophiques sur un blog pour me souvenir que je pense, donc je suis. Bref, je suis une nihiliste résolue qui tape une crise existentielle à l’approche de ses trente ans, un grand classique de notre époque en somme. Heureusement qu’il y a le chocolat.   

 

Life’s but a walking shadow, a poor player

That struts and frets his hour upon the stage,

And then is heard no more. It is a tale

Told by an idiot, full of sound and fury,

Signifying nothing.

Macbeth, Scene V (Shakespeare)